L’histoire de Romie et de Rococo

Lorsque j’ai téléphoné à Cindy en janvier 2011, j’étais en quête d’un rêve – comme tous les éleveurs. J’avais affiché non sans fierté, sur le site web de mon chenil, tous les tests de santé que ma femelle reproductrice avait subis avec succès. Cette femelle, une championne canadienne BISS, m’avait déjà donné une première portée de trois merveilleux chiots en parfaite santé; j’ai d’ailleurs gardé un de ces chiots comme reproducteur éventuel dans le cadre de mon programme de reproduction. Pour le deuxième accouplement de ma femelle, j’avais choisi un étalon reproducteur qui venait d’une lignée qui me plaisait, avec une fourrure magnifique et un excellent tempérament. De son côté, Cindy avait fait subir tous les tests de santé à son étalon. C’était une union parfaite et nous étions toutes les deux très emballées!

 

Le 25 mars suivant, ma femelle a donné naissance à deux chiots, un mâle et une femelle, tous deux superbes. Cependant, trois semaines plus tard, j’ai constaté que les chiots semblaient avoir du mal à se déplacer. Quand ils ont eu un mois, leur manque de coordination et leur « maladresse » sont devenus pour moi une source grandissante d’inquiétude. J’ai alors vécu des nuits d’insomnie – j’ai fait d’innombrables recherches sur Internet, j’ai appelé et écrit à d’autres éleveurs pour finir par conclure que mes chiots étaient peut-être des « nageurs ». J’ai alors suivi à regret le protocole des nageurs, passant tous les jours des heures à masser mes chiots et à leur donner des traitements de physiothérapie et d’hydrothérapie. C’est dans un forum d’éleveurs auquel je participais que j’ai fini par penser que mes deux chiots pouvaient être atteints du syndrome de Bandera. Lorsque, malgré toutes les craintes que je nourrissais, j’ai fini par regarder une vidéo montrant des chiots atteints de la maladie, mes soupçons ont été confirmés.

L’histoire de ces chiots est d’une tristesse infinie puisque l’ataxie néonatale affectant les petits cotons de Tuléar est une maladie incurable. Le cerveau des chiots atteints est normal, sauf pour ce qui de la mutation touchant le récepteur d’un neurotransmetteur dans le cervelet; cette mutation les empêche d’acquérir des aptitudes locomotrices. C’est impuissante que j’ai assisté au combat que livraient tous les jours ces innocents petits anges pour essayer de se déplacer sans toutefois jamais y parvenir. Je pouvais lire toute leur frustration dans leurs yeux… Pour ces chiots, manger, boire et faire leurs besoins étaient très difficiles. Ils ne pourraient jamais avoir une bonne qualité de vie. C’est durant les heures les plus sombres de cette épreuve que je suis tombée sur des travaux de recherche menés à l’Université du Missouri et que j’ai découvert qu’UN SIMPLE TEST SANGUIN ne coûtant que quelques dollars permettait de savoir si un chien était porteur ou non. Si seulement je l’avais su!

Autrefois, les éleveurs de cotons de Tuléar ne disposaient pas de tests exacts, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Nous vous recommandons vivement de faire tester vos chiens reproducteurs. Il ne sert à rien d’essayer de trouver des « coupables ». Rien ne peut justifier qu’il y ait d’autres portées de chiots atteints du syndrome de Bandera. La santé des générations futures de cotons de Tuléar est entre les mains des éleveurs.

Diane Benaroch, Cotonfield Cotons, Abbotsford (C-.-B.), Canada